ERIKA ZUENELI

CRÉATIONS :

NOON (2000), LES CIEUX NE SONT PAS… (2002), HIGH NOON (2003), SARÀ SARA (2004),PARTITA-S (2005), DAYBREAK (2007), TIME OUT (2007), IN-CONTRO/ INCONTRI (2009/10), TOURNOIS (2010), VARIEAZIONI (2011), OR(2) (2013), TANT’AMATI (2013/14), VAI E PASSA (2016), ALLEIN! (2018), PARA BELLUM (2021), MOZAÏCO (2021), LANDFALL (CRÉATION 2022 POUR 10 INTERPRÈTES), SARABAND (CRÉATION AVEC LAURA SIMI).

La création TANT’AMATI a été élue Meilleur spectacle de danse au Prix de la Critique Théâtre et Danse 2013-2014 en Belgique.

Le prix du meilleur spectacle de la saison 22.23, toutes catégories confondues, a été décerné par “Les Prix Maeterlinck de la Critique” à la compagnie Tant’amati / Erika Zueneli pour le spectacle LANDFALL.

Démarche artistique

Avec plus qu’une quinzaine de pièces à son actif, Erika Zueneli ne s’est jamais contentée de creuser le même sillon. Un besoin de remise en jeu de ses outils et façons de faire l’a poussée à explorer une diversité de formes et de formats, allant parfois, d’une pièce à l’autre, jusqu’à assumer des changements radicaux en termes d’esthétique, d’énergie, de dispositif scénique, d’adresse publique… Ceci dit, des traits d’union, des points d’ancrage communs se dégagent de cette démarche aux intonations plurielles.

Pour commencer, on peut affirmer qu’en tant que chorégraphe, Erika Zueneli ne cherche pas à mettre en mouvement des corps, et encore moins des personnages. Ce qui lui importe avant tout, c’est de composer avec des personnes, des individus, et leurs qualités/particularités tant humaines que physiques et gestuelles. Partir de l’intime des interprètes, des décalages aussi qui peuvent naître de leur rencontre : voilà ce qui éveille son écriture.

Par extension, ses créations transpirent/respirent ce goût de l’autre – de la relation aux autres. Pour autant, aucune volonté narrative ne vient diriger son travail. Tout au plus aime-t-elle esquisser des récits en filigrane, en creux. Ou plus exactement, faire en sorte que des possibilités de récits puissent par fragments se glisser dans les imaginaires de chacun·e.

À côté de ce vivant, l’espace est l’autre partenaire principal de ses partitions. Qu’elle envisage ou non des éléments scénographiques, Erika Zueneli déploie sa danse dans un rapport résolument inscrit dans un espace donné (scénique, pour l’essentiel) : questions de déplacements, de trajectoires, de dedans/dehors sont autant de cadres à partir desquels elle rythme, orchestre son écriture – et qui ancrent résolument l’ici et maintenant de ses compositions.

Quant aux origines de ses pièces, elles ne s’inscrivent jamais dans une thématique particulière qu’il s’agirait d’aborder de manière frontale, explicite. Plus discrète, moins péremptoire, Erika Zueneli préfère partir d’éléments qui font échos au présent plus qu’ils ne l’illustrent directement. Qu’il s’agisse d’une œuvre littéraire, d’un courant artistique ou encore d’une collection d’œuvres autour d’un même sujet/objet…, ces points d’inspiration viennent teinter d’un imaginaire particulier ses processus de création, en rien ils ne constituent une ligne dramaturgique claire et univoque à suivre. L’impression, le senti, la suggestion fondent davantage ses moteurs d’écriture que l’évocation ou la citation.

En ressort un travail autour de la finesse – autant celle des sens et que celle de l’attention. Une écriture soucieuse des détails, qui veille autant à échapper au démonstratif qu’à une abstraction par trop éthérée. Une poétique subtilement inscrite dans le présent, où s’entrelacent inextricablement humour et gravité, sans jamais s’épancher dans une légèreté innocente/aveugle au monde, et encore moins dans une gravité cynique et désespérée.